2019 ? C’est déjà le 21 Mars !

J’ai lu, en fin de semaine et le même jour, je crois, des contributions dans la presse signées du Premier ministre, M. Dionne et du Secrétaire général du gouvernement Abdou Latif Coulibaly sur le référendum constitutionnel du 20 mars prochain. Je l’ai fait avec le plus grand intérêt certes mais un plus grand soulagement encore. Enfin, si je puis dire, il était temps ! Il s’en est fallu de peu que ce ne fût tangent. Mais, comme on dit chez nous, ‘’le preux n’a pas déserté sur le champ de bataille, il était allé se ressourcer c’est-à-dire se réarmer !’’ C’est vrai et c’est la sagesse populaire mais, vraiment, il s’en est fallu de peu !

Pourquoi donc ? Parce que, moi-même qui vous parle et me flatte d’être vigilant et d’une vigilance extrême, j’avais cru l’affaire déjà – sinon presque – gagnée. Tant tout cela, tout ce bruit, toute cette fureur dépensés par les partisans du ‘’Non’’ me paraissaient dérisoires et nuls ! Tant il est vrai aussi et depuis que Talleyrand l’a remarqué et noté que ‘’tout ce qui est excessif ne compte pas !’’.

Or cela peut compter et compter pour beaucoup même dans un pays civilisé (je crois) et de bon vieux bon sens (je veux bien le croire) comme le nôtre. C’est que le réflexe nihiliste et la tentation anarchiste restent encore très présents dans notre société. C’est le Président Diouf qui observait, je crois, qu’au Sénégal, maintenant on ne choisit plus, on n’élit plus vraiment : ‘’on révoque, on dégomme. Et toujours au milieu d’une très grande liesse populaire et ça, c’est moi qui l’ajoute. Mener l’hyène-mâle au bois-sacré ! Sortir le ‘’sortant’’! Du pur ‘’poujadisme’’ quoi !

Pierre Poujade, c’était cet épicier qui, dans le milieu des années 50, avait fait trembler la IVe République française engluée dans les guerres coloniales ingagnables, la peur du communisme et le rejet de l’impôt symbole de l’autorité. Il était, Poujade, contre tout, tout ce qui existait, ou seulement pouvait l’être ! Il avait pour représentant à Saint-Louis un maître-imprimeur, logé dans le Nord de l’île et dont le fils deviendrait (après l’indépendance) gouverneur ‘’Borom Ndar’’ qu’il disait, dans le Sénégal-Oriental avant de s’acquérir une bien mauvaise réputation, par la suite, dans le Baol… C’est un bien vieux fonds donc que le ‘’poujadisme’’ chez nous ! Crier à l’envi ! ‘’tous pourris !’’ et ‘’ sortez les sortants !’’ Ça fait toujours recette, hélas, et toujours son effet ! Il n’y a presque rien d’aussi vendeur, j’allais employer un autre vocable mais ç’aurait été manquer d’éducation sinon de décence !

Donc, il ne faut pas croire que l’on a partie gagnée seulement parce que l’on a raison et que Dieu Lui-Même sait que l’on a raison.

N’est-ce pas que la Grande Royale de Cheikh Hamidou Kane s’interrogeait déjà sur la question de savoir : ‘’Pourquoi ont-ils (les Européens) gagné alors même qu’ils n’avaient pas raison contre nous (Africains et musulmans de surcroît) ?’’

La partie, certes, ne peut pas être gagnée tant qu’elle n’est pas terminée et il paraît bien sot de parler, à l’instar de ce mien neveu, selon ce qu’en ont dit les journaux tout au moins, de ‘’non-intervention présidentielle dans la gestion de cette campagne’’. Les cadres de l’Apr doivent certes se sentir concernés et à titre personnel par cette consultation mais il reste qu’elle les dépasse tout comme elle dépasse leurs fonctions et responsabilités. C’est de l’Etat lui-même qu’il s’agit ici et d’abord de son chef qui, seul, a autorité à interroger directement le peuple en enjambant ses représentants ! C’est à lui le chef et au gouvernement, qu’il a choisi, expressément, pour conduire les affaires de la nation, de mener la campagne et non, à proprement parler à l’Apr ou aux alliés de celui-ci. C’est l’Etat qui doit se bouger, les partis, eux, ne viennent qu’en appoint !

Une victoire éventuelle du ‘’Non’’ à cette consultation n’entamerait en rien la légitimité, ‘’stricto-sensu’’, du président de la République et de son gouvernement pour les deux années qui restent du mandat présidentiel. Rien en termes de capacité à proposer et à agir, mais l’amoindrirait pour le moins et considérablement. Et c’est ce qu’il faut à toute force éviter pour la stabilité, pour le progrès, pour l’émergence enfin promise au pays. C’est pourquoi, il faut se battre, serrer les dents et aller de l’avant, aller sur tous les plateaux, monter sur toutes les tribunes, parler toutes les langues ! Bref faire ce qu’il faut, tout ce qu’il faut : C’est-à-dire flèche de tout bois. Car il est impératif, absolument, de s’aider soi-même d’abord si l’on souhaite, vraiment, obtenir un coup de main du Bon Dieu… par la suite.

Ce référendum, c’est la ‘’Mère des batailles’’ et 2019, c’est déjà le 21 Mars !

Enquête 

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